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Quel avenir pour les relations franco-sénégalaises sous Bassirou Diomaye Faye ?

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Nouvelle ère des relations franco-sénégalaises sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye

L’élection de Bassirou Diomaye Faye à la présidence du Sénégal en mars 2024 a marqué le début d’une nouvelle ère pour le pays, tant sur le plan interne qu’externe. Cette élection, qui a vu le plus jeune président de l’histoire du Sénégal prendre le pouvoir, a suscité un mélange d’enthousiasme et d’incertitude quant à l’avenir des relations internationales du pays, notamment avec la France, un partenaire historique.

Cet article examine en profondeur l’impact de cette transition politique sur les relations franco-sénégalaises, ainsi que les implications pour l’agriculture, un secteur clé de l’économie sénégalaise.

Contexte électoral et politique

L’élection de Bassirou Diomaye Faye a eu lieu après une période de tensions politiques marquées par des tentatives de prolongation du mandat de l’ancien président Macky Sall et des troubles électoraux. Faye, soutenu par Ousmane Sonko, un critique virulent de Sall et désormais Premier ministre, a remporté une victoire écrasante, signalant un désir de changement parmi les électeurs sénégalais.

Le programme de Faye et Sonko, articulé autour de la souveraineté nationale et de la justice sociale, a mis l’accent sur la révision des accords économiques internationaux et la gestion des ressources naturelles du Sénégal. Cette approche a suscité des spéculations quant à une possible redéfinition des relations du Sénégal avec ses partenaires étrangers, y compris la France, souvent accusée d’être un partenaire plutôt prédateur dans son approche.

Relations franco-sénégalaises : un partenariat sous révision

Historiquement, la France et le Sénégal ont entretenu des relations étroites fondées sur des liens culturels, linguistiques et économiques solides. La France est l’un des principaux partenaires commerciaux du Sénégal et un investisseur majeur dans les secteurs stratégiques tels que l’énergie, les infrastructures et l’éducation. Cependant, la rhétorique de la campagne de Faye, centrée sur la récupération de la souveraineté économique et la renégociation des contrats avec les entreprises étrangères, a fait naître des inquiétudes quant à une possible détérioration de cette relation privilégiée

Lors de son discours inaugural, Faye a annoncé un audit complet des contrats existants dans les secteurs du pétrole, du gaz et des mines, évoquant la possibilité de renégociations pour garantir des termes plus favorables au Sénégal. Cette initiative reflète une volonté de corriger ce que beaucoup perçoivent comme des déséquilibres dans les accords actuels, qui ne bénéficient pas suffisamment à la population sénégalaise.

Malgré ces déclarations, les premiers signes de la présidence Faye indiquent une approche pragmatique. Le président a souligné l’importance de maintenir des relations internationales équilibrées et constructives, tout en mettant l’accent sur les priorités nationales. Par exemple, Faye a appelé à la réintégration de pays voisins dans la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), démontrant ainsi son engagement envers la coopération régionale

Perspectives économiques et coopération bilatérale

L’un des aspects les plus critiques des relations franco-sénégalaises sous le nouveau gouvernement sera la gestion des ressources naturelles. La France a des intérêts significatifs dans le secteur énergétique sénégalais, notamment à travers des entreprises comme TotalEnergies, qui ont des investissements importants dans l’exploration et la production de pétrole et de gaz au Sénégal. La décision de Faye de réévaluer et potentiellement renégocier ces contrats pourrait entraîner des ajustements significatifs dans la dynamique économique entre les deux pays.

En outre, le Sénégal sous Faye semble s’orienter vers un modèle économique plus nationaliste, mettant l’accent sur la production locale et la réduction de la dépendance aux importations. Cela pourrait se traduire par des politiques favorisant les entreprises locales et des réformes visant à renforcer le secteur agricole et industriel du pays.

Quid de l’agriculture ? Moteur de l’économie sénégalaise

L’agriculture est un pilier central de l’économie sénégalaise, représentant environ 17% du produit intérieur brut (PIB) et employant près de 70% de la population active. Le nouveau gouvernement a clairement indiqué que la modernisation de ce secteur serait une priorité absolue pour améliorer la sécurité alimentaire, augmenter la productivité et améliorer les conditions de vie des agriculteurs

Le Sénégal envisage d’introduire des technologies agricoles modernes pour accroître l’efficacité et la production. Cela comprend l’utilisation de techniques d’agriculture de précision, l’irrigation améliorée et l’accès à des semences de meilleure qualité. Ces innovations visent à surmonter les défis climatiques et à optimiser l’utilisation des ressources naturelles.

Le développement des infrastructures agricoles, telles que les routes rurales, les entrepôts de stockage et les marchés, est également au cœur des réformes envisagées. Des infrastructures améliorées faciliteraient le transport des produits agricoles vers les marchés nationaux et internationaux, réduisant les pertes post-récolte et augmentant les revenus des agriculteurs.

Le gouvernement Faye prévoit également de mettre en place des programmes de formation pour les agriculteurs afin de leur fournir les compétences nécessaires pour adopter de nouvelles technologies et pratiques agricoles. Ces programmes visent à promouvoir une agriculture durable et résiliente, capable de faire face aux défis environnementaux et économiques.

La gestion efficace des ressources en eau est essentielle pour le succès du secteur agricole au Sénégal. Le pays est confronté à des défis croissants liés au changement climatique, tels que des sécheresses fréquentes et une variabilité accrue des précipitations. En réponse, le gouvernement prévoit d’investir dans des systèmes d’irrigation durables et des infrastructures de gestion de l’eau pour garantir une utilisation optimale de cette ressource précieuse.

Les cultures exportatrices sénégalaises devraient aussi prospérer, profitant de la raréfaction de l’eau au Maghreb, de nombreuses entreprises françaises installées dans la région vont continuer à exporter des fruits et légumes, et pourraient potentiellement augmenter les superficies cultivées pour répondre à une demande française et européenne toujours plus croissante. L’exemple de l’entreprise française Les Vergers du Sud (SOLDIVE) est à suivre, l’entreprise étant présente au Maroc et au Sénégal, les différents défis notamment climatiques et le calendrier cultural devraient redéfinir les objectifs de l’entreprise à court ou moyen terme.

Implications géopolitiques et futures collaborations

La redéfinition des relations franco-sénégalaises sous la présidence de Faye pourrait avoir des implications géopolitiques significatives. Une approche plus indépendante et nationaliste du Sénégal pourrait inspirer d’autres pays africains à reconsidérer leurs relations avec les anciennes puissances coloniales et à rechercher des partenariats plus équilibrés et mutuellement bénéfiques.

Cependant, il est également possible que le pragmatisme l’emporte et que le Sénégal continue de maintenir des relations étroites avec la France et d’autres partenaires internationaux, tout en poursuivant ses objectifs de souveraineté et de développement économique. La clé sera de trouver un équilibre entre la protection des intérêts nationaux et la participation active aux réseaux économiques et politiques mondiaux.

A retenir

L’élection de Bassirou Diomaye Faye marque un tournant potentiel dans les relations franco-sénégalaises et la politique intérieure du Sénégal. Le nouveau gouvernement, avec son accent sur la souveraineté nationale et la justice sociale, pourrait redéfinir la dynamique économique et diplomatique du pays. En même temps, les initiatives visant à moderniser et renforcer le secteur agricole pourraient transformer l’économie sénégalaise et améliorer la qualité de vie des citoyens.

Les prochains mois et années seront cruciaux pour observer comment ces changements se concrétisent et comment le Sénégal navigue dans ses relations internationales sous cette nouvelle direction. Que ce soit à travers la révision des contrats économiques avec des partenaires étrangers ou la mise en œuvre de réformes agricoles ambitieuses, le Sénégal de Faye est en quête de renouveau et de progrès, tout en maintenant des relations de coopération essentielles pour son développement futur.


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